L’architecture ne se réduit à aucun prisme de lecture. Elle ne se limite ni au design, ni à une opération technique conduite par un processus sophistiqué de réalisation, ni à une analyse des modes de vie, ni à un manifeste sur la préservation de l’environnement. L'architecture dépasse la simple addition des savoir-faire des différentes disciplines et obéit à une logique d’intégration.
L’architecture est un art qui nous fait rêver. Qui n’a pas été émerveillé par un bâtiment? Un lieu? Qui n’a pas un jour pensé à être architecte? S'il faut un peu d'intuition pour surmonter les difficultés, la réussite tient beaucoup dans la collaboration itérative entre le commanditaire et l'équipe de maîtrise d'oeuvre, aucun des deux ne détenant toutes les clefs de la compréhension des problèmes.
Rechercher une cohérence dans la multiplicité des approches
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Le questionnement du programme avec ses implications spatiales est le point de départ. La qualité des espaces, de leur organisation et de leur usage est évidemment primordiale. La compréhension des utilisateurs, qui peuvent être variés au sein d’un même bâtiment, est également indispensable. Mais découvrir des aspects non envisagés initialement est aussi un enjeu. Il peut s'agir d'enrichir un programme, même modestement, ou d'anticiper une organisation différente du bâtiment pour permettre son évolution avec des adaptations relativement simples (1).
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Le lien créé avec l’environnement, le rapport et la transition avec l’espace public, sont des éléments qui sont concomitants à la formation d’un projet et qui lui donnent toute sa signification.
Si le contexte est formateur du projet, celui-ci peut l’enrichir à son tour en lui apportant du sens. Ce lien profond n’est pas de l’ordre d'un mimétisme stylistique mais de celui du fonctionnement de l’ensemble. Cette réflexion s'élargi également en reconnaissant la nécessité d'une interaction harmonieuse de la construction dans un environnement vivant et divers.
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Le lien entre architecture et matière est indéniable. Le travail de projet s’approfondit par l’exploration sensible et judicieuse des possibilités et caractéristiques des matériaux et des systèmes constructifs : but recherché, aspect, pérennité, prix, intelligence environnementale. Réfléchir l'architecture à partir de la matière s'avère d'ailleurs d'autant plus critique avec le retour aux matériaux bio- ou géo-sourcés, dans un contexte contemporain où la notion de confort thermique n'est plus la même. Notre recherche appelle souvent une critique des solutions existantes, y compris lorsqu’elles apparaissent immuables du fait de la réglementation, parce qu’en définitive … on observe que les enjeux évoluent. Nous travaillons en amont avec les fédérations professionnelles, les fabricants qui trouvent leur intérêt dans l’innovation et les entreprises spécialisées.
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Le besoin de créer est aussi moteur du projet. Il traduit un besoin d’émotion pour accompagner nos lieux de vie. Cette émotion doit être partagée. Il faut donc écouter pour réussir. Cette émotion commune doit permettre de transcender ce qui ne serait autrement qu’une simple réaction au réel et une adaptation aux contraintes.
(1) ne nécessitant pas d'intervention lourde. Les réglementations doivent pouvoir évoluer dans leur application: pour exemple, voir notre contribution sur le sujet de la sécurité incendie dans le rapport de l'ORF de mai 2018 "Quelle place pour les activités économiques dans les projets d'aménagement [...]" p.30.